POSTURE(S)
Cette série interroge la condition de l’être humain, son rapport à la ville, à la nature, sa place dans le monde.
Il fallait que le projet prenne corps à La Grande Motte et nulle part ailleurs. Un projet photographique qui interroge la condition de l’être humain, son rapport à la ville, à la nature, sa place dans le monde. Un questionnement universel et très actuel.
Des images qui se saisissent de l’architecture humaniste, visionnaire, symbolique et d’avant-garde de la ville au milieu de la verdure, car pensée dans ses moindres détails par Jean-Balladur pour le bien-être de l’être humain.
La lumière y est crue, directe, pour créer un effet d’hyperréalisme, soulignant les lignes et les formes, révélant partiellement ou plus largement l’architecture et l’humain, émerger, cohabiter, se fondre.
Le traitement de l’image s’attache à recréer l’environnement dans une version épurée, plus lissée et choisissant les éléments du quotidien à conserver, ce qui est aussi le cas du personnage de femme à la peau, comme cirée, au visage souvent caché, un peu irréelle.
Des images/paysages, comme vidées, dialoguent avec les interrogations du personnage récurrent.
Une femme que nous suivons à différentes saisons, dans ses vêtements de tous les jours, mise en scène dans ces architectures, ces jardins, ces lieux communs ou emblématiques. Elle sera chargée de représenter les questionnements de l’être humain quant à sa vie terrestre.
Il est question de sa posture, c’est-à-dire son attitude adoptée face au monde. Mais aussi sa posture comme processus d’élaboration et de maintien de la configuration des différents segments de son corps dans l’espace, comme pour une architecture. Et encore, sa posture comme la manière dont l’organisme affronte les stimulations du monde extérieur et se prépare à y réagir.
Et surtout, qui englobe tout le reste ; par la posture de yoga, décalée, incongrue dont il est question ici à chacune des images et pratiquée dans des lieux non adaptés, voire insolites. Elle résume à elle seule toutes ces interrogations. Le but ultime du yoga étant justement de se libérer de la condition humaine, de se relier à une forme d’absolu. Ces postures ne sont jamais réellement parfaites ni spectaculaires pour montrer cette tentative à être au monde, sa difficulté, parfois son absurdité.
Dans ces lieux, les capacités performatives et sculpturales du corps créent, une interruption ou un dérangement d’une scène ordinaire. Le personnage, placé artificiellement dans ces endroits familiers, étrangement désertés, agit en déformant le quotidien, le rendant bizarre.
La banalité du quotidien transformée faisant apparaitre un rapport au monde, ici décalé mais en réalité fantasmé par chacun.
Mais également des images dans lesquelles le personnage semble faire véritablement corps avec son environnement, nous insufflant une bouffée d’optimisme et d’espoir quant à la capacité de l’être humain à y vivre, s’y adapter.
Postures de Yoga et texte Karine Bergami